Depuis quelques années, je suis préoccupée par la question du respect durant l’accouchement. Je ne suis pas la seule, puisqu’existe à l’heure actuelle en France, une association appelée l’Alliance pour l’accouchement respecté, l’AFAR. Cette alliance organise chaque année, en mai, la semaine pour l’accouchement respecté, et n’importe quel organisme, partout dans le monde, peut organiser des activités sur le thème choisi. Il y a eu, par exemple, une semaine sur l’épisiotomie, une sur l’accouchement provoqué, une sur la césarienne. Cette année, le thème sera « Accoucher selon mon choix du lieu, de la manière et des accompagnants » (semaine du 15 au 22 mai).
Qu’entend-on par ‘respect’ durant l’accouchement ? Il peut s’agir du respect de la femme qui est en travail et qui donne naissance, soit le respect envers elle comme être humain : respecter son intimité (ex : frapper avant d’entrer dans la chambre, tirer le rideau si la porte est ouverte), agir de telle sorte qu’elle puisse conserver sa dignité, la traiter comme une personne et non comme un ‘cas’ (se présenter la première fois qu’on la rencontre, l’appeler par son nom, s’adresser à elle et non parler d’elle à un autre intervenant, en sa présence, etc.), et respecter ses souhaits, ses choix pour cet événement crucial dans sa vie, mettre au monde un enfant.
Il s’agit aussi du respect de l’accouchement. Accoucher est essentiellement un événement physiologique, l’aboutissement normal d’une grossesse, sauf pour une petite minorité de femmes aux prises avec des complications. Voici ce qu’en dit la récente Politique de périnatalité du MSSS, où l’on traite aussi de cet aspect du respect :
« Donner naissance est une expérience naturelle, un processus normal. Toutefois, dans une société animée par la volonté de contrôler tout risque potentiel, il faut rappeler cette nécessité de protéger le processus physiologique naturel de la naissance. Cela exige que l’on mette en place des environnements propices et que l’on conjugue les efforts autour de cette conviction. Cela implique aussi que l’on respecte la personnalité de chaque femme, ses particularités, son rythme, son intimité. Par ailleurs, une telle approche n’exclut aucunement la nécessité d’exercer la vigilance requise, toujours dans le respect de l’autonomie de la femme et dans le respect de ses choix. »
Donc respecter l’accouchement signifie le laisser démarrer sans intervenir (du moins pas avant 41 semaines complétées, sauf en cas de motif pouvant menacer la santé de la mère ou du bébé), cela signifie ne pas stimuler le travail sans raison valable, qu’il s’agisse de rompre les eaux de manière routinière ou d’avoir recours à l’ocytocine artificielle, le Syntocinon (les taux effarants de stimulation du travail montrent que tous les prétextes sont bons pour accélérer les choses), car ce n’est pas sans avoir d’effets pouvant nuire (augmenter la force, la fréquence des contractions, rendre la douleur insupportable pour la femme en travail, entraîner des changements au rythme cardiaque de bébés). Cela signifie aussi ne pas contraindre la femme en travail à l’immobilité en ayant recours à la surveillance électronique du cœur du bébé, de manière continue ou intermittente : on peut très bien écouter le cœur du bébé à l’aide d’un appareil portatif, le Doppler, qui respecte les diverses positions que peuvent prendre les femmes durant leur travail et qui peut même servir à écouter le cœur du bébé dans l’eau !
Et le respect signifie aussi le respect du bébé, ce petit être qui vient de séjourner neuf mois dans le ventre de sa maman, pendant et après sa naissance, où il était confortablement installé dans un environnement aquatique qui le protégeait. Cela signifie ne pas mettre un électrode sur sa tête (moniteur interne) sans raison valable, alors qu’il effectue sa descente, cela signifie l’accueillir avec douceur, le mettre sur le ventre de sa maman, ne pas l’essuyer de façon brusque, laisser la pulsation du sang du cordon disparaître avant de clamper et couper le cordon (pour que l’oxygène du placenta se rende au bébé), cela signifie ne pas succionner ses voies respiratoires sans raison valable, et ne pas le séparer de sa maman. Plusieurs de ces attentions envers le bébé peuvent aussi se faire après une naissance par césarienne.
Le respect lors de la naissance d’un enfant prend toutes ces significations. Et, en toutes circonstances, par exemple lors de complications, on doit informer la mère ou les futurs parents de ce qui se passe, de ce qu’on souhaite faire au besoin, des raisons, des alternatives possibles. Et même lorsqu’une urgence se produit (le pourcentage des urgences ne dépasse pas 2.7 % des accouchements), ce n’est pas une raison pour manquer de respect. Il arrive qu’on doive agir rapidement, mais il est toujours possible pour les intervenants d’informer et toujours souhaitable de demander la permission de la mère, ou celle du père, le cas échéant.
En terminant, j’aimerais souligner que souvent la blessure psychologique que des femmes ressentent suite à leur accouchement ou d’une césarienne provient d’un manque de respect qui a eu lieu lors de ces événements, envers elles, envers leur corps, envers LEUR accouchement et LEUR bébé. Ces manques de respect peuvent laisser des traces, et perturber les femmes à qui c’est arrivé longtemps après leur accouchement. Mais de cela, il sera question dans une prochaine chronique!
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Hélène Vadeboncoeur
Ça fait du bien de lire ses quelques lignes mais tellement de mal de se dire qu’on a pas été informé de la douleur que l’on m’a infligé et que même l’ordre des médecins reste dans le silence …. on m’a volé mon accouchement et mis ma vie en l’air car c’est un moment que je n’oublierai jamais et malheureusement pas en bien