Naissances… C’est en mars 2006 que j’apprenais que j’étais enceinte de mon premier enfant… Beaucoup de joie autour de cette nouvelle, mais aussi beaucoup d’inquiétudes pour une fille qui s’inquiète facilement comme moi… Mon bébé sera-t-il en santé? Vais-je avoir une grossesse sans problème? Un accouchement sans complications majeures? Difficile d’apprécier la grossesse au premier trimestre, car en plus des nausées et de la fatigue des trois premiers mois, j’ai eu effectivement à m’en faire avec des résultats à risques au Prénatest, donc amniocentèse et attente des résultats pendant un mois, ce qui m’a fait un peu détacher de ma grossesse… Le deuxième trimestre a commencé avec la bonne nouvelle que j’attendais un bébé garçon en santé, c’est donc avec soulagement et bonheur que j’ai pu continuer ma grossesse… Puis ombre à nouveau au tableau au dernier trimestre : bébé se tient la tête en haut. Malgré mes tentatives en acupuncture, en ostéopathie et en positions de toutes sortes, une césarienne m’attendait… Cela me stressait beaucoup et je parlais de mes inquiétudes quant aux risques à mon médecin et elle ne faisait que me répondre « évidemment, une césarienne, c’est une chirurgie! ».
Puis le jour de ma césarienne arriva, le 7 novembre 2006, moi qui ai espéré jusqu’à la dernière minute que bébé décide de me faire le cadeau de se retourner. Je n’avais même pas eu la chance d’avoir un début de travail, je ne saurais même pas ce qu’est la sensation d’une contraction. Une césarienne « planifiée », une date de naissance décidée par le médecin, tout ceci était pour moi loin de l’accouchement naturel pour lequel je me préparais en faisant du yoga prénatal… J’étais stressée au lieu d’être heureuse, alors que ce devait être « le plus beau jour de ma vie ». Je m’en allais me faire « opérer », je ne m’en allais pas accoucher…
Me voilà donc, après une longue attente à jeun dans la salle d’attente, couchée en salle d’opération, angoissée à la vue de tout le personnel du bloc opératoire (mais ils sont combien au juste? Pourquoi autant de monde?), mais tout de même très bien traitée, une douce infirmière à mes cotés, une gynécologue sympathique… Puis à peine quelques minutes plus tard, mon Simon est sorti, on me le montre en passant, mais on se dépêche à repartir avec mon bébé, il a de la misère à respirer, du mucus sur les poumons, on l’amène en néonatalité après que papa ait pu lui couper son cordon… J’ai à peine eu le temps de voir de quoi il avait l’air…
Couchée dans ma chambre, je suis encore stressée de mon opération et je suis triste de ne pas avoir mon bébé avec moi. Papa peut aller le voir, il prend des photos avec sa caméra numérique et me le montre dans le petit écran. Il va bien, beaucoup de bébés ont ce problème après une césarienne, je ne dois pas m’en faire qu’on me dit. Je regarde papa « gaga » devant mon fils, moi je regarde les photos avec une drôle d’émotion, comme si il me montrait un étranger, j’ai peine à réaliser que ce bébé est à moi! Je suis malheureusement trop fatiguée et centrée sur mon inquiétude face aux possibles complications « post-opératoires » dont on ne cesse de me rappeler : hémorragie, infection… Je ne peux me lever pour aller le voir, ni en chaise roulante, au cas où j’aurais un malaise. Je passe donc ma première nuit à l’hôpital, sans avoir vu mon bébé et incapable de dormir. Ce n’est que le lendemain que je peux aller le rencontrer… Il est dans son incubateur avec des électrodes pour surveiller son pouls. Je suis triste de ne pas pouvoir le prendre. J’ai si hâte d’avoir un contact avec lui.
Puis, on me permet enfin de te prendre… Mon petit bébé, mon Simon, maintenant je te reconnais, tu es le mien, tu es celui que j’ai porté, tu es celui que je vais aimer pour le reste de mes jours… Et les larmes ne cessent de couler… L’infirmière me rassure en me disant de ne pas pleurer, qu’il est correct mon bébé! Mais je pleure, car enfin, je ressens l’amour dans mes tripes… Maintenant, je le ressens, cet amour inconditionnel, je t’aime tellement mon beau trésor…
Puis, après deux fausses-couches et quelques années plus tard, août 2011, me voilà à nouveau enceinte.
Je décide de choisir le médecin qui m’a fait ma césarienne. À mon premier rendez-vous avec elle, je lui parle de mon désir de vivre un AVAC. Elle est d’accord, mais n’élabore pas et ne me parle que de mon poids maximum à prendre durant ma grossesse, elle finit mes phrases lorsque je pose une question, elle semble très pressée malgré que mon rendez-vous s’est passé dix minutes avant l’heure prévue. Je ressors de là déçue et je décide que cette grossesse-ci ne se passerait pas comme celle de Simon.
Consciente d’être à la dernière minute, je m’inscris à la Maison de naissances la Capitale. Évidemment, on me dit que je serai en liste d’attente et que je n’ai pas beaucoup de chances d’avoir une place. Je fais des démarches auprès d’accompagnatrices à la naissance. Puis, quelques jours avant mon prochain rendez-vous avec mon médecin, avec beaucoup de joie je reçois un appel de la Maison de naissances, m’annonçant que je pourrai avoir un suivi avec une sage-femme. Je rencontre ma sage-femme et c’est avec plus de confiance que j’avance dans cette grossesse. Bien que nauséeuse et très fatiguée, fatigue que je trainerai pendant toute la grossesse, je me sens plus sereine. Je décide aussi, avec l’accord un peu forcé de mon chum (!), de garder la surprise du sexe cette fois-ci.
Puis, échographie et mesure de cicatrice à la 33e semaine, on m’apprend que bébé a la tête en bas, que la cicatrice est d’une épaisseur favorable pour un AVAC mais que j’attends un « gros » bébé. Le médecin me dit qu’il serait préférable que j’accouche avant ma date prévue, sinon, une césarienne est recommandée. Il me conseille de prendre tout de suite un rendez-vous. Je ressors de là triste et découragée. Toute ma confiance s’était écroulée. Je n’ai pas du tout envie de prendre rendez-vous pour une césarienne. Je n’ai pas envie d’avoir une « date » en tête. Par un beau hasard, j’avais un rendez-vous avec ma sage-femme en après-midi. Je pleure en lui parlant des propos du médecin. Elle me rassure et me dit qu’attendre un gros bébé n’est pas une raison empêchant l’AVAC, document de l’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec à l’appui. Elle me redonne confiance et j’entreprends de l’acupuncture pour commencer à préparer mon accouchement et pas question de prendre rendez-vous pour une éventuelle césarienne pour le moment. Je communique aussi par courriel avec une marraine d’AVAC-Info, qui m’encourage de garder espoir. Mais les semaines passent et bébé se fait toujours attendre. À 39 semaines, malgré l’acupuncture, l’huile d’onagre, les gouttes d’actée, le lavage de planchers (!), je m’inquiète de n’avoir aucun signe que l’accouchement s’en vient et les propos du médecin résonnent dans ma tête. Avec ma sage-femme, je décide de rencontrer un autre gynécologue pour avoir son avis. Je la rencontre le 24 avril, ma date prévue étant le 23 avril. J’ai peur qu’elle m’enlève tous mes espoirs et le peu de confiance qu’il me reste de vivre un AVAC. Je ne peux croire que toutes les conditions sont favorables pour un AVAC, mais que je repasserai par une césarienne parce que je « retarde ». Je ne peux croire que mon corps ne veut pas collaborer à entrer en travail pendant qu’il est encore temps. Mais à mon agréable surprise, la gynécologue comprend mes motivations et accepte de me donner un sursis d’une semaine, avec suivi serré (monitoring, échographies) et me propose même un « stripping ».
Le lendemain, le 25 avril, je commence à perdre mon bouchon muqueux. Enfin, un signe… 16 h, je rencontre une chiropraticienne qui dit me décoller des vertèbres reliées à l’utérus. Je n’y crois plus tellement, mais je mets toutes les chances de mon côté. Une heure plus tard, je commence avec joie à ressentir des crampes au ventre qui vont en s’amplifiant. Vers 20h, ces crampes deviennent de plus en plus intenses et rapprochées… Je contacte ma mère, l’avertissant que c’est peut-être cette nuit que je l’appellerai pour venir garder Simon. Je prends des bains, je me masse le bas du dos, je perds la notion du temps…. Mon conjoint insiste pour appeler la sage-femme, moi je lui dis que c’est trop tôt, je pense que je suis en début de travail. Pourtant, j’ai très mal. Je me dis que je ne serai pas capable d’endurer cette douleur pendant des heures, me croyant vraiment en pré-travail. Je me dis que la péridurale sera sans doute une bonne option! Il calcule mes contractions et décide de lui téléphoner puisque je semble aux cinq minutes, malgré mes faibles protestations. Je suis tellement persuadée qu’un travail est long et que j’en ai encore pour plusieurs heures et c’est ce qu’elle semble penser aussi. Elle lui dit de continuer à calculer mes contractions et de la rappeler plus tard. À minuit, il la rappelle, elle dit qu’elle se douche et qu’elle vient m’évaluer. Elle arrive à 1h, moi je n’ai plus la notion du temps. Je ne suis « plus là ». Je me souviens m’être excusée de la faire venir sans doute pour rien. Je lui dis que je suis « moumoune ». (Malheureusement, ce n’est pas ma sage-femme attitrée, car c’est son jour de congé. Mais je suis quand même entre très bonnes mains.) Elle m’évalue et me dit « Tu es loin d’être moumoune, tu es dilatée à 7 cm, on part à l’hôpital! » Elle avertit mon conjoint de s’arrêter si je perds mes eaux ou si je sens que ça pousse trop! Il est stressé sans bon sens!!!
On arrive à l’hôpital où deux autres sages-femmes nous rejoignent, (la première étant une étudiante-finissante en stage). Il est 1 h 20. Peu de temps après mon arrivée, je perds mes eaux en allant aux toilettes. Je suis très calme et je prends chaque contraction une à la fois. Mes deux CD de relaxation roulent en boucle! La lumière est tamisée. La sage-femme écoute le cœur du bébé régulièrement et tout se passe très bien. Vers 5 h, je peux enfin commencer à pousser. J’essaie toutes sortes de positions. Accroupie, avec le banc de naissance, couchée sur le côté, mais les contractions commencent à s’espacer et ne sont pas assez fortes, ce qui ne m’aident pas dans mes efforts. Les minutes, les heures passent et j’ai peur de devoir subir une césarienne, mais les sages-femmes me rassurent, bébé descend et tout va bien. Elles sont très impressionnées aussi par mon calme et mon instinct, car selon elles, je sais naturellement quoi faire pour gérer la douleur et je sais comment pousser. J’entends une sage-femme dire que j’ai l’air d’avoir plusieurs expériences d’accouchements! Même si je suis épuisée, leurs encouragements me donnent confiance de continuer. Vers 7 h 15, on m’offre un remède homéopathique pour stimuler les contractions. Je n’y crois pas, mais je les accepte. Je suis maintenant en position semi-assise dans mon lit pour pousser.
8 h 27, mon bébé sort enfin après une forte poussée et un grand cri animal de ma part (raconté par mon conjoint, car moi je ne vois plus rien, les endorphines ont pris le dessus sur moi!). Mon bébé est là, enfin, j’entends ses pleurs. On le dépose sur mon ventre. Après tant d’efforts, je peux enfin le toucher. Comme dans les émissions de naissance qui m’ont fait tant pleurer depuis la naissance de mon premier. Maintenant, c’est moi qui en suis l’actrice principale! J’ai réussi! J’ai réussi mon AVAC! Un petit frère pour Simon. Un bébé en santé. Le comble du bonheur! Une énorme fierté pour moi qui ait réussi. Et beaucoup de reconnaissance envers les sages-femmes qui m’ont soutenue.
Les sages-femmes m’ont laissé t’avoir sur mon ventre pendant un bon moment, nous laissant le temps de faire un beau contact peau à peau et te laissant goûter mon sein, premier contact si cher à mes yeux. Mon trésor, notre trésor. Cédric. Papa est si fier aussi! Si fier de toi, si fier de moi, si fier de nous. Je t’aime tellement…
Même si le post-partum fut plus difficile physiquement que l’après césarienne à cause de la déchirure au 4e degré, je suis très heureuse de faire maintenant partie des femmes qui parlent de leur accouchement comme de la plus belle expérience de leur vie. Une expérience intense et unique dont je ne trouve pas de mots assez pour décrire. Un accomplissement aussi, dont je suis très fière!
Beau texte mais il faut ce rapeler qu’une césarienne est une naissance extraordinaire aussi, ce n’est pas une chose si terrible, j’en ai vécu 2 et ça très bien été, tous les points négatifs écrit dans ce texte on été pour moi des points positifs. Je trouve ça dommage qu’on voit la cesarienne comme l’option « désespoir » , on devrait encourager toutes les futures mamans à bien vivre chaque accouchement et non leur faire peur.